…il pleure dans les bras de sa mère, il sent dans son dos le regard de son père qu’il devine désapprobateur. Il se replie. Les gestes de sa mère ne donnent plus le réconfort… le droit à son enfance s’éteint… il a 10 ans… il se traine vers ce statut d’homme fort…il n’ a pas pu voir l’étincelle dans les yeux de son père qui semblait se réjouir de le voir prendre ce qu’il s’était interdit quand mourant le grand père dit à son fils de 8 ans : « Ne pleure pas fils » Cette scène se déroule dans le salon de mon bureau. Il s’était assis dans le 2 places entre son père et sa mère. Je soutiens le décodage qu’ils en font, j’écoute les liens avec l’histoire de la famille, il ne sont pas avares de leurs associations, ils se découvrent plein de sollicitude. Le père se dit ému se gardant bien de le montrer, la mère est très sensible à cette redécouverte, le fils s’étonne de susciter tant d’échanges, de recherches d’approbations entre ses parents. Ils se surprennent d’ être si loquaces. Pendant que je poursuis cette conversation il se lève pour explorer l’espace comme pour dire, « vous êtes dans le bon, continuez… » . Ils se réjouissent qu’on se fixe un nouveau rendez-vous. Ils partent laissant un climat de bonheur envahir mon bureau. Ils me quittent tout en ayant l’air de vouloir rester.
Mes yeux peuvent voir ce qu’ils ne peuvent voir d’eux mêmes mais qui existe, enfoui chez eux. Le fils ne peut voir l’étincelle dans les yeux du père mais je peux dire ce que je vois pour qu’ils en fassent quelque chose de neuf dans les rapports enfermants qu’ils nourrissent, à leur insu, quotidiennement.
Oui, bien sur…au bout de tout ça , un peu plus de liberté…prend la place de la souffrance.
« …. tu t’assieds, tu parles, tu poses des questions. Tu es quelqu’un et tu me fais aussi devenir quelqu’un. » In Erri De Luca, « La nature exposée » repris par Gallimard en 2017

La Joie nait lorsqu’on s’emploie à faire mieux ce qu’hier, on faisait déjà très bien. Ce delta offert aux personnes que nous accompagnons soigne. Une esthétique et une éthique qui donnent du crédit à la clinique éducative. La personne accompagnée y puise cette essence de sens de la vie et la fait entrer dans la danse de la vie. Et la danse donne du souffle au soignant.
Si on la laisse faire, la « machine » institutionnelle, sociétale, politique fait obstacle à cette éclosion quand elle évite de penser comment elle répond aux besoins des personnes accueillies et de ses collaborateurs. Ceux-ci s’enfuient quand la « machine » pense sa productivité, quand elle se soumet à la quantophrénie, quand elle est prisonnière du « reporting » que lui réclament les bureaux et les laboratoires des décideurs.
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L’enfant a à faire de ce qui est fait de lui
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